Retour sur une escale, le port de Palerme

Retour sur une escale : le port de Palerme. J’aimerais revenir sur un coup de cœur au cours d’un premier galop d’essai avec notre gladiateur. C’était en 2015, et toujours en mer Méditerranée. Ce premier « vrai » voyage s’étale de mai à septembre. Le port de Palerme sera notre deuxième escale dans un port italien. Nous y restons cinq nuits et découvrons la fête du 14 juillet : Santa Rosalia. J’entends encore l’agent du port nous dire : Le 14 juillet à Palerme, c’est notre carnaval de Rio, c’est la grande fête ! Nous n’avons pas d’autre choix que de prolonger le séjour…

Arrivée dans le port de Palerme

Nous entrons dans le port de Palerme le 10 Juillet. Encore plus novices qu’aujourd’hui, nous nous arrêtons à la première marina où nous apercevons quelqu’un. C’est la marina « Sellimar ». Sur le quai, deux agents nous aident. Puis, comme le charme sicilien opère, nous y restons cinq nuits. La nuitée s’élève à 45 euros, puis baisse à 40 euros lorsque nous décidons de prolonger notre séjour. On est tout de même en plein mois de juillet, dans la capitale Sicilienne, en plein centre-ville. Nous n’allons que très rarement dans les ports mais à l’instar de Naples, le mouillage à Palerme est franchement moyen.

Le port de Palerme

Si je devais comparer Palerme à une autre ville, je répondrais Naples, sans hésiter. Certaines villes ont ce pouvoir : celui de vous envoûter non pas par ses qualités mais par ses défauts. On adore ou on déteste. Elles ne vous laissent pas d’autres choix. Palerme, comme Naples, possèdent une crasse séductrice. Ça suinte la corruption et la saleté par toutes les artères. Mais l’ambiance est unique.

Les curiosités de Palerme :

Il y a un lieu, unique en son genre, que je ne saurai vous recommander tant l’horreur est palpable. Toutefois, cette visite, à l’aspect traumatisant, m’a laissé une trace indélébile dont j’ai envie de vous parler.  Ce sont les catacombes des Capucins…

Hors du commun. Âmes sensibles s’abstenir. Quand je pénètre dans les catacombes des capucins, Je ressens un profond malaise. C’est un endroit effroyable qui vaut bien une petite description. Situées à 20 minutes à pied du port de Palerme, se trouvent les catacombes Dei Cappuccini…Quelques 8000 corps momifiés vous accueillent au royaume des morts. Effroyables oui, et pour plusieurs raisons. D’abord par l’odeur qui vous prend à la gorge en y entrant. Puis par la mise en scène des cadavres momifiés. Car il faut signaler que la plupart des corps datent du XIX° siècle.  Le dernier corps embaumé est celui d’une petite fille : Rosalia Lombardo, décédée d’une pneumonie en 1920. 

Les catacombes Dei Cappuccini, un lieu unique

Lors de son voyage en Sicile, Guy de Maupassant en parle de cette manière :

« Il est difficile d’obtenir des renseignements plus détaillés et plus précis, tant la plupart des Siciliens semblent éprouver d’horreur pour ces extraordinaires catacombes. J’ai voulu visiter aussitôt cette sinistre collection de trépassés. […] Une ligne de morts est debout par terre, une ligne compacte, dont les têtes affreuses semblent parler. Les unes sont rongées par des végétations hideuses qui déforment davantage encore les mâchoires et les os, les autres ont gardé leurs cheveux, d’autres un bout de moustache, d’autres une mèche de barbe. […]Voici donc un homme, ce qui était un homme, il y a huit ans ?

Voici les femmes plus burlesques encore que les hommes, car on les a parées avec coquetterie […] Les têtes vous regardent, serrées en des bonnets à dentelles et à rubans, d’une blancheur de neige autour de ces visages noirs, pourris, rongés par l’étrange travail de la terre […] Voici les jeunes filles, les hideuses jeunes filles, en leur parure blanche, portant autour du front une couronne de métal, symbole de l’innocence. On dirait des vieilles, très vieilles, tant elles grimacent. Elles ont seize ans, dix-huit ans, vingt ans. Quelle horreur ! »

Mais Palerme est une ville où se côtoie les deux extrêmes. On y célèbre la mort mais aussi la vie. Les rues regorgent de façades délabrées aux côtés de joyaux architecturaux. Et rien ne vaut une belle fête du 14 juillet pour faire oublier l’expérience traumatisante des catacombes !

Fête du 14 juillet au port de Palerme

Le 13 et le 14 juillet, Palerme s’enflamme pour la grande fête de sa patronne : Santa Rosalia, qui a sauvé Palerme de la peste. Les magasins et les musées ferment leurs portes tandis que les palermitains ouvrent la leur et prennent possession de la rue ! Les chaises, les tables, les canapés sont exposés dehors . On accroche aux murs et à l’extérieur, les photos de famille, celles des enfants, des petits enfants mais aussi celles des défunts. On chante, on boit, on rit… Les chars portent Sainte Rosalie et sillonnent les rues. Cela dure deux à trois jours. Le soir, nous assistons au superbe feu d’artifice du bateau amarré au port de Palerme !

La fête de Santa Rosalia

Au petit matin du 15 juillet, la fête est finie. C’est une vision apocalyptique de la ville qui s’offre à nous. Des montagnes de bouteilles vides qui feraient concurrence à l’Everest. Mais ce n’est pas une image de dépotoir que nous reflète la ville, c’est la fin d’une fête. Et quelle fête !

Finalement, nous quittons le port de Palerme le 15 juillet. Avec un pincement au cœur. En 5 jours, nous aurons eu le temps de parcourir la ville en long, en large et en travers. Nous aurons assisté à une fête, et visité tout ce qui est à visiter. Plus que de simples souvenirs de voyages, Palerme nous a marqué émotionnellement.